Séance Cinéréseaux # 79 – CINÉRÉSEAUX, FEMMES/femmes 14ème éd.

« Ana Rosa » de Catalina Villar – doc – France et Colombie – 2023 – 93 min

L’Atelier Documentaire Bordeaux ; film soutenu par la Région N-A, accompagné par ALCA.
Cinéma du réel : Prix Louis Marcorelles, Panorama du cinéma colombien : Prix du Public, Prix du Jury ; Cine Documental de Buenos Aires : Meilleur Long Métrage…

À Bogota, Catalina trouve au fond d’un tiroir une photo de sa mystérieuse grand-mère Ana Rosa, dont personne ne parle dans la famille, une lignée de médecins. Peu à peu, elle tire les fils du drame qui entoure Ana Rosa. Elle explore avec nous l’autoritarisme des normes sociales imposées aux femmes, la violence des solutions infligées, le rôle oppressif de la médecine et de la psychiatrie. Avec en filigrane, la place des femmes dans l’Histoire.
Entre quête, deuil et hommage, ce film d’une forte intensité dramatique pose des questions inconfortables mais nécessaires, hier comme aujourd’hui.

« Depuis la nuit des temps » de Jeanne Delafosse et Clary Demangeon – cinétract – 14 min – 2020. L’Atelier Documentaire Bordeaux

Treize femmes racontent, interrogent ou critiquent, avec autant de sérieux que d’humour, les conditions d’accouchement en France.

Projections suivies d’une rencontre avec la réalisatrice Catalina Villar, l’équipe de production et les intervenantes du Planning familial 33, de la Maison de Simone Pessac (accueil des femmes victimes de violences conjugales) et de la Maison des Femmes Bordeaux.

Et Pot sympathique en clôture!

CINÉRÉSEAUX, FEMMES/femmes

Vous connaissez sans doute CINÉRÉSEAUX, association de diffusion cinéma qui propose, depuis 2008 au Jean Eustache, des projections de films réalisés par de jeunes autrices et auteurs d’Aquitaine … ou de plus loin, toujours en leur présence. Courts ou longs métrages, documentaires ou fictions, films expérimentaux ou d’animation, leur particularité est de n’être pas distribués en salle, de faire fi des formats commerciaux et de chercher une voie vers des regards de spectateurs aimant la découverte. C’est un cinéma émergent, « en train de se faire ». Aussi les séances sont conçues comme des lieux d’échange entre équipes de réalisation et publics pour croiser les points de vue, expliquer les partis-pris de création et exprimer les ressentis des regardeurs. Une aventure toujours enthousiasmante pour l’équipe Cinéréseaux, permise par le Jean Eustache qui ouvre ses écrans à cette initiative.

L’événement FEMMES/femmes

Aux séances « au fil des mois », s’est ajoutée depuis plusieurs années une séance spéciale, la soirée FEMMES/femmes. Une idée forgée autour de la date du 8 mars « Journée internationale de lutte pour les droits des femmes ». Oui, la condition des femmes mérite bien une séance dédiée ! Nous souhaitions nous adresser à toutes les femmes, d’où le titre FEMMES/femmes, en majuscules et en minuscules, les grandes et les petites, les libérées et les soumises (pour le moment), les déterminées et les craintives, les femmes dans leur diversité… Avec des films « jeune cinéma » réalisés par des femmes ou des hommes, et pointant les difficultés rencontrées pour faire valoir une égalité de fait ou mettant en valeur les initiatives et les conquêtes pour une vie libre et épanouie.

Des regards multiples

Les séances, qu’elles soient centrées sur un seul long métrage ou composées de plusieurs films offrent un panorama sur les situations des femmes, aussi bien dans des pays où les droits semblent acquis, que dans des contrées où ils sont bafoués.
Parcours historique sur la conquête des droits des femmes (Portraits de femmes), sur la tyrannie domestique (La bonne ménagère), l’exploitation au travail (Comme un lundi), dénonciation de préjugés (La perle rare, …). Interrogations sur la nudité et la découverte des corps (Entre deux), sur la plasticité de la figure féminine (Tunnel), sur les tabous (Halal). Mais aussi sur la façon dont le temps se déploie dans les corps, dont l’expérience ou le refus de la maternité peut nourrir une pensée féministe (Passagères). Certains films abordent de front les revendications pour disposer librement de son corps, en particulier avec le droit à l’IVG (Femmes d’Argentine) .
D’autres films portent sur des situations de violences subies, des traumatismes difficiles à surmonter : enfance abîmée (Lame de fond), violences psychiques et physiques (Primas), addictions (À cœur ouvert), séquestrations (Oscuro animal), mutilations (Un cri dans le silence), viol (Une histoire banale)…

La vie, le cinéma

Sombre panorama direz-vous ? Pourtant ce sont des pans bien réels de notre monde, dont la création cinéma s’empare pour ouvrir notre regard. Là aussi il s’agit de documentaires ou de fictions soigneusement documentées. Dans le choix de la programmation, ce qui nous retient, au delà de la thématique, c’est le traitement cinématographique adopté pour montrer l’âpreté des situations et l’énergie vitale qui resurgit chez les protagonistes (ou au travers des personnages lorsqu’il s’agit de fictions) et leur cheminement pour entamer une reconstruction. Et bien des films mettent au centre d’une reconstruction personnelle le lien établi avec le collectif, la solidarité jouant un rôle essentiel pour un nouveau départ : prise en main de l’économie et de la vie politique par les femmes du Rwanda après avoir subi des crimes de guerre (Lionnes, God is not working on sunday), création théâtrale en troupe comme résistance à une politique néfaste (Toutes pour une), intégration dans un collectif artistique sublimant les traumatismes de jeunesse (Primas). Des films enthousiasmants par l’énergie dégagée. Autant d’aventures vécues par des femmes et partagées au cours de ces séances par la vertu du cinéma.

L’union fait la force !

Dès le début nous avons noué un partenariat avec la Maison de Simone, association bien connue à Pessac, dont la mission est l’accueil, l’information et l’accompagnement vers l’autonomie des femmes victimes de violences conjugales. En introduction des séances, ces militantes assurent un tour d’horizon synthétique de l’état de la condition féminine, puis participent au débat avec la ou le cinéaste, et d’autres intervenant.es invité.es selon les thèmes du film. Ainsi, nous ont rejoint pour des échanges, des animatrices du Planning familial, des Orchidées rouges, de la Maison des Femmes Bordeaux, Genre en action, Mission égalité diversité de l’Université parmi d’autres…

Et depuis plusieurs années nous avons établi un partenariat avec Les Rencontres du Cinéma Latino Américain, dont le festival se déroule également en mars au Jean Eustache, nous permettant de porter un regard sur des situations spécifiques rencontrées par les femmes de ces régions, et toujours en résonance avec l’actualité, ici et maintenant.